Utilité, responsabilité, résilience : une nouvelle grille de lecture
« Le monde d’après » a fait couler beaucoup d’encre dès le début du confinement...
Cet article a été publié dans la revue PAROLE PUBLIQUE n°27 de novembre 2020 à découvrir ici.
« Le monde d’après » a fait couler beaucoup d’encre dès le début du confinement. Le personnel politique, les écrivains et les experts de tous bords ont pris la plume pour se projeter dans un « après » identique, meilleur ou pire. Des débats passionnants questionnant notre modèle de société se sont faits jour sur fond d’évolution croissante de la sensibilité de l’opinion aux enjeux environnementaux et de propositions de la Conférence citoyenne pour le climat.
Ainsi, il est bien difficile de dire à quelle temporalité correspond ce monde d’après : après le confinement et la crise sanitaire, après le redressement économique ?
L’analyse des sources menée par la direction de la communication de la Société du Grand Paris et ses agences de communication regroupées au sein de QUAI#3 converge en de nombreux points avec un certain nombre d’observations menées par des spécialistes de l’opinion ou par des institutions. En revanche, la façon dont la Société du Grand Paris s’est emparée des différents constats pour communiquer à chaud et pour se projeter au lendemain de la crise est naturellement tout à fait spécifique.
Les enseignements de la crise
Premier constat : l’incertitude est le terme qui caractérise le mieux la crise sanitaire dont on ignore toujours la durée plusieurs mois après le déconfinement. Ainsi, il est bien difficile de dire à quelle temporalité correspond ce monde d’après : après le confinement et la crise sanitaire, après le redressement économique ? À la limite, peu importe. La crise est manifestement venue confirmer des mouvements déjà perceptibles dans l’opinion.
Les entreprises ont dû faire la preuve de leur utilité dans la lutte contre le virus… ou ne pas communiquer.
Le corollaire de cette incertitude est l’inquiétude : celle liée à la durée mais aussi au risque aigu que chacun ressent pour lui-même et ses proches face à un virus en capacité d’attenter à la vie humaine ; inquiétude économique aussi, puisqu’il est très vite apparu que le tissu productif et les activités tertiaires ne sortiraient pas indemnes du melting-pot de crises - sanitaire, sociale et économique – dans lequel nous sommes plongés.
Le débat public pendant le confinement a fait émerger des sujets sur la vie quotidienne qui questionnent directement ou indirectement le projet de métro Grand Paris Express dont la Société du Grand Paris est maître d’ouvrage : la crainte des Franciliens de reprendre les transports en commun dont on peut penser qu’elle est conjoncturelle ; la généralisation du télétravail dont on n’a pas encore mesuré les effets sur la fréquentation des transports car ils dépendront aussi de l’offre qualitative et quantitative de logements et des choix résidentiels des Franciliens ; l’essor du vélo avec la multiplication des pistes cyclables qui pose la question de la bonne articulation entre les transports en commun et les modes doux ; la fréquentation des aéroports franciliens qui génère du trafic sur le réseau de métro et dont la courbe d’évolution est encore incertaine. Globalement, la crise questionne le rapport à la mobilité et à la vie en ville. Une ville où les inégalités sociales apparaissent crûment, notamment en termes de logements, et où les aspirations à plus de sécurité et de bien-être se renforcent.
Le terme de résilience a été très utilisé. Emprunté à la psychologie, il englobe une acception plus large et évoque ainsi la capacité de la société, de ses entreprises et de ses individus à encaisser et surmonter les chocs.
L’arrêt brutal de l’économie a mis en avant « l’utilité sociale » des activités de chacune et chacun et mis en lumière des métiers et des missions pas toujours reconnus. Les entreprises ont dû faire la preuve de leur utilité dans la lutte contre le virus… ou ne pas communiquer. Utilité pour la relance, pour le monde de demain… plus que jamais « la raison de faire » des entreprises est scrutée.
La responsabilité de chacun, et notamment des entreprises, a fortement été évoquée. Responsabilité dans la protection de leurs salariés, de leurs clients, de leurs fournisseurs. Cela dans un contexte où les études montrent une sensibilité accrue de l’opinion sur les conduites responsables des entreprises, notamment vis-à-vis de leurs salariés.
Enfin, le terme de résilience a été très utilisé. Emprunté à la psychologie, il englobe une acception plus large et évoque ainsi la capacité de la société, de ses entreprises et de ses individus à encaisser et surmonter les chocs. Avec la crise du Covid 19, cette notion emporte une exigence d’adaptabilité à toutes les échelles de la société.
Stop & Go sur les chantiers du Grand Paris Express
Pour la Société du Grand Paris, la crise pendant le confinement s’est articulée autour de deux dates clés : le 17 mars, la décision de demander aux douze groupements d’entreprises à l’oeuvre pour construire le Grand Paris Express de suspendre les 120 chantiers de génie civil en cours en Ile-de-France - la sécurité des personnes avant tout ; le 20 avril, la décision de reprendre progressivement les travaux dans le respect du protocole sanitaire mis au point par la profession du BTP et les autorités de santé.
La responsabilité et la résilience ont été au coeur de ces deux temps forts qui ont challengé les relations de la Société du Grand Paris avec deux parties prenantes clés pour le projet : les entreprises qui le construisent et les territoires sur lesquels les chantiers se déroulent.
Au-delà des actions pour favoriser la sécurité des compagnons sur les chantiers, l’établissement est resté mobilisée pour soutenir l’économie et les emplois autour du projet. Il a été attentif aux délais de paiement des PME/TPE et a maintenu le rythme des appels d’offres pour que les entreprises ne rencontrent pas de trou d’air dans les mois à venir.
La responsabilité et la résilience ont été au cœur de ces deux temps forts avec deux parties prenantes clés pour le projet : les entreprises qui le construisent et les territoires sur lesquels les chantiers se déroulent.
Une web conférence organisée le 14 mai a permis aux différents groupements de faire le point sur la reprise des chantiers d’un point de vue opérationnel : logement, transport des compagnons, aménagement des espaces dans les chantiers, mise en oeuvre des mesures de sécurité sanitaire. Ce temps d’échange avait vocation à partager les bonnes pratiques d’un point de vue opérationnel. C’était aussi l’occasion de rendre hommage à l’engagement de tous dans cette situation unique.
Les savoir-faire des TPE/PME sont indispensables au projet et constituent une valeur précieuse pour notre pays. Redémarrer « la machine » représentait aussi un enjeu de protection de ces entreprises, de sauvegarde des emplois et de préservation des savoir-faire.
Redémarrer « la machine » représentait aussi un enjeu de protection de ces entreprises, de sauvegarde des emplois et de préservation des savoir-faire.
Sur les territoires traversés par le Grand Paris Express, les élus et les riverains ont été aussi en première ligne, particulièrement au moment de la reprise des chantiers le 20 avril. À cette date, les habitants étaient encore très majoritairement chez eux et la sensibilité au bruit était forte. Le nombre de personnes vivant dans un périmètre de 20 à 50 mètres autour des chantiers est évalué à presque 11 000.
Depuis l’origine du projet, notre institution a développé une communication de proximité très soutenue pour favoriser l’acceptabilité des chantiers et amortir le choc des travaux. Agents de proximité pour informer et dialoguer de vive voix, réunions publiques régulières, dispositif d’information print et digital personnalisé pour chaque ouvrage, chaque collectivité, information sur palissade… la palette des outils de communication de proximité est complète.
La crise a été une mise à l’épreuve pour la maitrise d’ouvrage du nouveau métro qui a dû trouver le point d’équilibre entre des exigences pouvant paraître contradictoires : protéger la santé de tous et favoriser le maintien de l’activité économique.
Avec la Covid 19 et l’augmentation des personnes contraintes de rester à leur domicile, nous avons redoublé de vigilance. Les chantiers ont repris progressivement, mais aucun n’a recommencé sans l’accord du maire de la commune concernée. Les habitants ont tous été informés en amont des actions de reprise des travaux. La distribution de documents dans les boites aux lettres étant rendue difficile, nous avons orchestré des campagnes d’abonnement aux Info flash par mel pour inciter les gens à s’inscrire. Des affiches ont été collées dans les halls d’immeuble de façon à ce que tout le monde ait les bonnes infos.
La crise sanitaire aura finalement rappelé que du dialogue sincère naissent l’adhésion puis la confiance.
Interruption des travaux, mise en sécurité des chantiers, redémarrage, nouvelles normes, impact sur les délais : l’entreprise a pris des décisions claires et les a partagées, en sincérité, avec les entreprises et les élus des territoires concernés.
La crise a été une mise à l’épreuve pour la maitrise d’ouvrage du nouveau métro qui a dû trouver le point d’équilibre entre des exigences pouvant paraître contradictoires : protéger la santé de tous et favoriser le maintien de l’activité économique. Mais elle a également confirmé une méthode, celle du dialogue avec les territoires et avec l’ensemble des parties prenantes de ce projet. Depuis sa création il y a maintenant dix ans, la Société du Grand Paris a fait de ce dialogue sa marque de fabrique. Cela a pu parfois surprendre… Un tel projet d’infrastructure pouvait-il faire durablement consensus, allait-il survivre aux alternances politiques qui, inéluctablement, marquent la gestion des territoires, à tous les échelons ? La crise sanitaire aura finalement rappelé que du dialogue sincère naissent l’adhésion puis la confiance, et que cette confiance est le socle qui permet de construire un projet, de comprendre et de partager ses enjeux, de surmonter les épreuves. Une évidence, certes, mais qui est parfois oubliée. Le rappel est brutal, violent mais finalement salutaire. Pour les décideurs et les communicants qui les accompagnent.
Le Grand Paris Express en chiffres
- 200 km de lignes nouvelles
- 68 gares
- 40 quartiers politique de la ville desservis
- 90 % en réseau souterrain
- 100 % automatique
- 1 rame toutes les 2 à 3 minutes
- 7 000 emplois sur les chantiers
- 4 000 entreprises dont 2 900 TPE/PME