Le design des politiques publiques : mode ou refondation ?
Le design est un savoir-faire à base graphique et technique qui, par approximation, tâtonnements, itérations, expérimentations, permet d’innover, de concevoir, mettre au point et (faire) produire au meilleur coût des objets dont la forme est adaptée à la fonction, des objets répondant aux besoins et aux capacités de leurs utilisateurs. Souvent, ils sont beaux. Mais le design est une pratique avant d’être une esthétique.
Philippe Deracourt, Claire Laval-Jocteur, Armelle Tanvez
Par extension, les modes de raisonnement et de réalisation du design – sa démarche, sa « pensée » – ont été appliqués à des objets plus grands ou immatériels : aménagement de locaux d’accueil ou de travail, procédures et relations de service, structures et fonctionnement des organisations.
Car tout bouge : pour résister et s’imposer dans un monde de plus en plus ouvert, institutions publiques et territoires voient leurs murs tomber, leurs histoires et leurs identités s’entremêler. Leurs images et leurs représentations en sont bouleversées, jusqu’à devenir illisibles, invisibles même. Les responsables de communication sont ainsi appelés à répondre aux questionnements identitaires qu’induisent ces remises en cause et ces transformations des organisations publiques. Multiplicité et diversité des acteurs, complexité des systèmes : autant de contraintes à prendre en compte… et à dépasser. Encore faut-il un cap, une vision.
C’est là que la « pensée design » apporte à la fois une démarche et une boussole : une coopération des parties prenantes orientée par une vision très concrète de l’expérience et des besoins de l’usager, par la volonté de rendre visibles, lisibles, accessibles les espaces, les structures, les procédures et donc les services rendus. Et cela aussi bien pour les personnels que pour les usagers potentiels, trop souvent déçus et découragés par l’opacité et la complexité. C’est là une condition de la citoyenneté et de la (ré)appropriation de l’espace public.
Le design des politiques publiques peut-il apporter à la communication, au fonctionnement et aux politiques des organisations publiques des concepts et des outils nouveaux permettant d’améliorer l’efficacité des structures, la lisibilité des procédures et la qualité des services rendus ? On trouvera les éléments de réponse dans ce dossier issu d’une rencontre organisée en novembre 2016 à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris par l’association Communication publique, l’ARCES – association des responsables de communication des universités – et l’Université de Strasbourg.
Philippe Deracourt, délégué général, Communication publique
Claire Laval-Jocteur, présidente, ARCES
Armelle Tanvez, directrice de la communication, Université de Strasbourg