Cette grande transformation qui ébranle la communication
Organisations, management, communication
Forum Communication publique/Afci
Par Pierre-Angel Gay, administrateur de Communication publique
Comprendre le chamboule-tout qui emporte la société, et pas seulement la classe politique, méritait bien une matinée de dialogue entre communicants, décideurs et chercheurs en sciences sociales. Vendredi 16 juin, 130 professionnels réunis au siège parisien de l’ENA, par Communication Publique et l’Association française Communication interne, ont débattu de cette « Grande Transformation » qui bouscule les organisations, le management et la communication des institutions et entreprises.
Ce chamboule-tout, Yannick Blanc, président de l’Agence du service civique et de la FONDA, laboratoire d’idées sur le fait associatif, y voit trois grandes causes : la transition écologique qui substitue à la perception d’un monde en expansion, celle d’un univers limité ; l’allongement de la vie, qui a fait émerger deux nouvelles classes d’âge, la jeunesse et la séniorité ; la transition numérique enfin, dont le dernier avatar, l’intelligence artificielle, repose avec acuité la question du marché du travail.
Ces pertes de repères, Yannick Blanc les illustre avec la mobilisation contre la réforme du Code du Travail. Les syndicats combattent « l’inversion de la hiérarchie des normes » (un accord d’entreprise primerait sur l’accord de branche), quand ce sont les fondements même du Code, le lieu et le temps de travail, qui « s’évaporent » avec la transformation numérique et le télétravail. Un constat que la sociologue Florence Osty, prolonge en rappelant que, souvent, le travail ne fait même plus l’objet d’une rétribution avec l’essor du bénévolat ! Il faudrait déjà en redéfinir les frontières.
Pourtant, l’aspiration des salariés à se réaliser par le travail reste entière. A travers le métier, on assiste même au retour d’une affirmation identitaire. « 76% des salariés sont fiers de travailler dans leur entreprise », rappelle Delphine Martelli-Banegas, de l’institut Harris Interactive. L’engagement des collaborateurs est même devenu l’un des leviers de la compétitivité, souligne Jean Agulhon, DRH de la RATP. A trois conditions toutefois : que l’entreprise donne du sens, assure un travail favorisant santé et estime de soi, accorde de la reconnaissance. Florence Osty en ajoute une quatrième, l’autonomie. « Pour être engagé, il faut mettre quelque chose de soi », insiste-t-elle.
Aux communicants de trouver les mots pour concilier cette grande transformation de l’univers du travail et les aspirations de l’extérieur et des collaborateurs. « Etre à l’écoute n’est plus suffisant, souligne Laurent Riera, le communicant de Rennes. Il faut démontrer que l’on a entendu ». Marc Renaud, de Leroy-Merlin, voit la fonction de directeur de la communication évoluer vers un rôle d’alerte pour peser sur la stratégie. Autant de prises de conscience que Valérie Renauld, de l’ANDRA, résume ainsi : « Nous, communicants, sommes désormais en charge de faire entrer la société dans l’entreprise, dans ses décisions, voire dans sa gouvernance ». Autant dire que le défi est immense.
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