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C’est quand la fin du monde ?

Comprendre PAROLE PUBLIQUE oct. 2022

Marie Carrega, adjointe au secrétaire général, Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, Direction générale de l'énergie et du climat, Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Marie Carrega
Adjointe au secrétariat général, Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, Direction générale de l'énergie et du climat, Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.

Cet article a été publié dans la revue PAROLE PUBLIQUE n°29 d'octobre 2022 à découvrir ici

 

Ce texte aurait peut-être été différent s'il avait été écrit avant l'été. Ou plus probablement l'auriez-vous lu avec un regard plus détaché, voire pas du tout. Encore un article sur la fin du monde. Et d'abord « c'est quand la fin du monde ? ». Cette question est celle que mon fils m'a posée il y a quelques mois, alors qu'il n'avait pas encore onze ans. « Dans trois ans » lui a répondu son grand frère... Cet échange est très représentatif de l'état d'esprit des jeunes qui s'interrogent sur le changement climatique, et des raccourcis qu'ils peuvent lire sur les réseaux sociaux, leur principale source d'information.

Un quart des Français pensent que le réchauffement climatique est un phénomène naturel.

Communiquer sur le changement climatique, c'est d'abord, inlassablement, rappeler les faits, dans un exercice d'équilibriste pour faire comprendre la gravité de la situation sans tomber dans le découragement, pour ne pas passer de « c'est pas grave » à « c'est trop tard ».

Maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C est encore possible, Il faut être transparent sur les transformations majeures de nos modes de vie que cela implique.

Les faits les voici : le changement climatique est déjà une réalité, y compris en France, et il est entièrement dû à l'activité humaine. Non ce n'est pas naturel, non nous ne pourrons pas revenir en arrière. Oui les scientifiques du GIEC* en sont sûrs. Et pourtant, en France, un quart de la population pense que le réchauffement climatique est un phénomène naturel. L'été que nous venons de vivre fera peut-être changer ce chiffre. Mais l'être humain a tendance à vite oublier les catastrophes, il faudra donc continuer à rappeler cette réalité, surtout si l'hiver prochain est rigoureux. Et en profiter pour rappeler la différence entre météo et climat…

Est-ce que la situation est grave ? Oui, sans doute possible. Le réchauffement global a déjà atteint 1.1°C par rapport à l'ère pré-industrielle : il n'a pas fait aussi chaud sur Terre depuis 125 000 ans. Nous sommes donc sortis de la norme, et dans des temps beaucoup plus courts que par le passé.

Inlassablement rappeler les faits, dans un exercice d'équilibriste, pour ne pas passer de « c'est pas grave » à « c'est trop tard ».

Et la fin du monde alors ? Pas dans trois ans, en tout cas pas à cause du changement climatique. Il y a peu d'incertitudes sur ce que sera le climat dans les vingt prochaines années. On peut donc d'ores et déjà agir en se préparant aux impacts actuels et à venir du changement climatique. Ce qui se joue c'est l'après 2050. C'est là que l'on entre dans le domaine de l'incertain. C'est une bonne chose car cela veut dire que les jeux ne sont pas faits. Maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C est encore possible, à condition d'agir vite et fort pour réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Là aussi il faut être transparent sur les transformations majeures de nos modes de vie que cela implique. Mais c'est encore possible. Il est important de le rappeler. Tout comme il est important d'expliquer ce que vivre avec un réchauffement de 2°C, 3°C, 4°C impliquerait concrètement.

Plus nous agirons tôt, plus nous aurons le choix. Choisir plutôt que subir. Chaque action compte. Chaque décision compte. Chacun a un rôle à jouer.

Comment communiquer sur la fin du monde ? En parlant de la fin d'un monde. Et en imaginant

ce que pourrait être le prochain. Vaste chantier.

 

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* Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Créé en 1988 par deux institutions des Nations Unies (l'Organisation Météorologique Mondiale et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement), le GIEC a pour mandat d'évaluer, sans parti pris et de manière méthodique et objective, l'information scientifique, technique et socio-économique disponible en rapport avec la question du changement climatique. Ces informations sont synthétisées à partir des recherches ou études effectuées par des scientifiques, des experts ou des organismes, et publiées dans des revues scientifiques. Le GIEC n'est pas un laboratoire ni une structure commanditant et finançant ses propres recherches. C'est un lieu d'expertise collective visant à synthétiser les travaux menés dans les laboratoires du monde entier.