Universités : les services communication face à des défis majeurs
Les étudiants ont repris le chemin des campus. Six mois qu’ils en étaient éloignés.
Cet article a été publié dans la revue PAROLE PUBLIQUE n°27 de novembre 2020 à découvrir ici.
Les étudiants ont repris le chemin des campus. Six mois qu’ils en étaient éloignés. Les campus tristement vides durant une demi-année ont à nouveau retrouvé vie. La rentrée universitaire ne s’est pourtant pas déroulée comme on aurait pu s’y attendre. La crise s’installe, elle va durer, impactant durablement nos habitudes de vies, nos usages, nos rapports sociaux…
L’annulation de la quasitotalité des évènements en présentiel offre soudainement une manne financière.
Pour les communicants des établissements d’enseignement supérieur c’est un casse-tête. Cette période de l’année, généralement festive, prend une toute autre allure. Loin les journées d’accueil rassemblant nos 4 à 5000 nouveaux étudiants, loin la communication autour des journées et week-end d’intégration, les manifestations en plein-air de tous genres destinés à accueillir, créer un lien social en même temps qu’un sentiment d’appartenance.
La communication de ce début d’année est plus sérieuse, plus anxiogène aussi. L’annulation de ces rendez-vous festifs, l’accès compliqué aux amphis et aux salles de cours, le report des salons étudiants, des manifestations sportives et culturelles, tout ce qui depuis toujours fait la tradition universitaire, nous placent face à un véritable défi : nous devons repenser la notion d’expérience.
L’enseignement hybride, voire 100 % à distance organisé en quelques mois par les établissements, a le mérite d’assurer la continuité pédagogique. Mais ce qui fait l’expérience d’une vie étudiante est mis à mal par ces temps de contrainte sanitaire. C’est souvent d’une crise que naît l’innovation : la bonne nouvelle c’est que l’annulation de la quasi-totalité des évènements en présentiel offre soudainement une manne financière et, avec l’opportunité de se faire accompagner par des agences spécialisées pour lancer de nouvelles initiatives.
Le métier de communicant doit se renouveler. Plus que jamais, les cadres de la communication vont devoir recentrer leurs missions et se questionner car la situation a tendance à sidérer et à laisser sans solutions. On peut être « expert » d’un domaine et dire que l’on ne sait pas. Quand on ne sait pas, il faut interroger, réinterroger, placer nos usagers, nos cibles, notre audience, au centre de nos processus de création et d’élaboration des messages. L’intelligence collective doit jouer un rôle prépondérant via des séquences d’idéation, de co-création organisées avec ces publics. La période nécessite que nous fassions émerger ensemble des solutions qui nous permettent de créer ou recréer des conditions d’expérience dans tous les domaines de la vie universitaire.
C’est aussi sur le plan managérial que nous sommes face à un nouveau défi. Le rapport à la valeur travail semble s’être durablement transformé. Je reste pour ma part persuadé que dans les métiers de la communication, le télétravail n’est pas une solution durablement viable. La rencontre est essentielle dans nos équipes, le rapport direct à l’autre, l’expression de son visage, ses attitudes, ses réactions… sont autant de feedbacks dont nous ne pouvons-nous passer pour créer. C’est de cet informel collectif, dans le couloir, à la machine à café, qu’émergent la créativité et l’innovation, plus que jamais nécessaires.
La rencontre est essentielle dans nos équipes, le rapport direct à l’autre, l’expression de son visage, ses attitudes, ses réactions…
Misons sur une prochaine sortie de crise. L’effort des universités pour accueillir et protéger leurs étudiant(e)s est une préoccupation majeure. Il relève des services de communication de leur dire que l’on tient à eux et qu’ils sont notre richesse.