Réunir les destins, respecter les diversités
la véritable valeur d’une organisation réside dans son utilité.
Cet article a été publié dans la revue PAROLE PUBLIQUE n°27 de novembre 2020 à découvrir ici.
Depuis plusieurs années, la corrélation entre la montée des crises politiques, sociales, économiques ou sécuritaires et l’affirmation de nouvelles relations humaines portées par les technologies, a eu pour conséquence l’émergence d’une nouvelle réalité en stratégie de communication : la véritable valeur d’une organisation réside dans son utilité.
Cette révolution morale, d’une ampleur sous-estimées bien malgré nous par certitudes, manque d’expériences, ou de méthode, est portée par l’ubiquité technologique, laquelle fédère les différents mouvements populaires et spontanés, en réaction à ces crises et réclame une approche holistique.
Dans ce contexte, comment la communication institutionnelle d’un réseau international de villes peut-elle répondre concrètement aux attentes des sociétés civiles locales, contribuer à reconsidérer le monde francophone dégagé de son unité de circonstance ? Comment construire des dialogues locaux interculturels afin de les rendre opérationnels, trouver cette nouvelle voie ?
Partager, bâtir, transmettre
Tout d’abord en s’adaptant et en suivant trois grandes actions : partager, bâtir, transmettre.
Partager signifie nourrir le concept clef d’équité et d’égalité entre les êtres humains : nous ne pouvons plus communiquer avec un message unique descendant. Nous devons entretenir les relations, les faire grandir, faire confiance. Cela pour bâtir des stratégies de la vraie vie pensées comme des plateformes de communication et d’information durables. En évitant les « coups médiatiques » oubliant le fond et la vérité des moments. Afin de pouvoir transmettre un contenu fiable de qualité, de faire comprendre les enjeux de nos sociétés et d’accompagner nos membres, nos partenaires techniques ou financiers, les sociétés civiles.
Une telle communication repose sur un cadre opérationnel fort : « comment faire avec les autres ». Nous le faisons dans la région des Grands lacs africains, au Maghreb, en Afrique centrale et occidentale, dans l’océan Indien, en Asie du Sud Est, en Amérique d’inspiration francophone, au Proche-Orient. Avec ce souci de favoriser et de faciliter ce « métissage permanent », comme le voulait L.S. Senghor. Cette communication ne se réfère pas à un autre monde ou à un autre passé. Elle est dans le message que nous avons la capacité de faire passer à l’international et dans l’action particulièrement concrète de solidarité. Démarche spécifique à toute communication associant le local au national et à l’international. Démarche d’affirmation d’une adhésion aux problématiques notamment environnementales, de leur bonne compréhension à tous les échelons administratifs pour apporter une réponse cohérente, économique, sociale, moderne, aux attentes des citoyens.
Comment la communication institutionnelle d’un réseau international de villes peut-elle contribuer à reconsidérer le monde francophone dégagé de son unité de circonstance ?
Dans ce mouvement créatif toutes les crises, locales ou internationales sont, avec le numérique, autant d’accélérateurs qui supportent notre démarche initiée et mise en œuvre à travers les programmations stratégiques successives depuis une vingtaine d’années. Le Coronavirus Covid-19, qui nous a plongés dans l’urgence, est un révélateur de la méthode. C’est-à-dire la nécessité de mettre en cohérence le confort de la stratégie votée par nos membres avec la nécessaire réactivité aux attentes de solidarité et d’immédiateté.
Cohérence entre les paroles et les actes
La pratique et la communication institutionnelle ont été soumises à l’impératif de la finalité de l’action, de son apport à la société. Notre objectif est de « vendre » notre bien commun, notre réseau. Il ne s’agit plus, pour l’AIMF de promouvoir une institution mais de satisfaire au mieux, les attentes de ses membres et des populations qui leur sont associées. Promouvoir un usage et non l’institution en elle-même qui entend être reconnue pour ce qu’elle est devenue, une « institution de mission », expression sociétale et environnementale, des différents réseaux régionaux de villes qui la compose et, surtout, la structure.
Dans notre monde incertain elle suscite la confiance et sa méthode mérite de faire école. La confiance des partenaires est le nouvel indicateur de référence. Incertitude et confiance vont de pair et la communication concrète fait le lien. Ceux qui nous observent, ceux qui attendent de nous ressentent cette incertitude à travers des paroles ou des faits qui viennent de partout, s’entrechoquent, nous bombardent, tentent de s’imposer, s’accumulent. La crise sanitaire actuelle et la communication qui l’a caractérisée en ont été un révélateur. Choc des affirmations contradictoires dans le quotidien de chacun, choc économique et social, choc dans les modes de gestion et dans la crédibilité des gouvernements des pays développés. Autant de chocs qui ont affaibli gouvernance, communication, confiance dans les institutions protectrices.
Mettre en cohérence le confort de la stratégie votée par nos membres avec la nécessaire réactivité aux attentes de solidarité et d’immédiateté.
Il nous appartient de communiquer sur le caractère positif des démarches locales, l’espoir porté par la solidarité, la manière de faire. Agir vite sans être soumis aux consensus trop souvent prétextes à l’inaction. La crise a mis en exergue le sens et la confiance vis-à-vis de l’action conduite au niveau local, celles des cadres qui animent le réseau et son quotidien. Elle a été révélatrice de notre résilience et de cette volonté de faire preuve de ce « génie du renouveau ». Une communication sans grandiloquence, refusant le repli sur soi, croyant dans le dynamisme de la diversité, de la solidarité et de la rigueur. Ce n’est plus seulement une voix, un art de dire, mais un moyen de savoir exprimer l’attente qui converge avec le faire, grâce à la vision qui l’anticipe. Une communication qui porte concrètement les expériences des diverses sociétés qui composent notre réseau de villes. Une communication pour partager, bâtir, transmettre. Une communication qui est l’expression de notre utilité.